Il faut bien commencer, alors commençons. [Kotomi]

Il faut bien commencer, alors commençons.
PV Kotomi Watabane

Et merde. Elle est belle la vie de pirate. Le sol était jonché de débris de verre, avec la liqueur commandée par ces messieurs qui coulait en direction de la sortie. Elle aussi, comprenait qu'il valait mieux s'enfuir que de rester dans ce trou à rats. J'y travaillais depuis à peine deux jours, et pourtant je sentais déjà la sueur et la soupe qui avait mal tournée. Ce taudis servait aux clients de l'alcool à flots, et pouvait proposer des plats, pour ceux qui osaient y gouter. Le patron offrait à ses employés logement et repas, mais il fallait voir l'état de la piaule. Le parquet grinçait effroyablement, impossible de s'endormir. Et avec les murs si peu épais, c'est à peine si l'on entendais pas tout ce que faisait ou racontait notre voisin. Le lit s’effondrait toujours un peu plus quand on s'y allongeait, et l'armoire était rongée par les termites. De tout les bars où j'avais put servir, celui-ci était le plus pourris. Je ne sais pas par quel miracle il avait encore la capacité d'ouvrir. Seulement, je devais me faire de l'argent. Et travailler était le seul moyen, si ce n'est celui de voler. Je ne savais pas comment j'allais sortir de cette galère, mais je priais pour que quelqu'un vienne me sortir de là.

« Et gamin ! Tu vas pas laisser ça trainer, ou je te sors d'ici à coup de pied au cul, compris ? »

Je me tournai pour faire face au patron. Ce vieux bonhomme n'avait plus un cheveu sur le caillou, et sa bedaine ressortait sous son tablier tachetés de diverses sauces, toutes aussi répugnantes les unes que les autres. Cet homme ne méritait même pas de se faire appeler humain. Il n'avait qu'une dent sur deux, jaunie par la crasse qu'il, à son humble avis, ne voyait pas l'utilité de nettoyer. Il était aussi équerrant que son taudis. Il me gratifiai de son regard mauvais et hautain, que les personnes comme lui ne devrai pas avoir. Un instant,  j'hésitai à accepter sa proposition, et de me barrer d'ici. Mais le manque d'argent était bien trop important, et le peu avec lequel j'étais partit du Flying Dragon était rapidement tombé à zéro. Parfois je me demandais si je n'avais pas décidé de m'émanciper trop vite, mais ma liberté était devenu quelque chose d’essentiel. Enfin, la liberté ici n'avait pas son mot à dire.

« Ouais, ça va. »

Je me penchais pour ramasser les morceaux coupants et éponger le sol. Les rires moqueurs des clients résonnaient dans mes oreilles. Si j'avais voulu, j'aurais put leur clouer le bec facilement, mais je tentais de garder le contrôle, au moins pour garder mon job. Je me relevai, puis balança les déchets dans le vide-ordure. Intérieurement, je fulminais. L'un des grands mecs assis derrière moi avait tendu la jambe, et m'avait fait lâcher mon plateau. Et bien entendu, c'était le premier à rire. Appuyé, sur le bar, j'attendais patiemment que le patron ce décide à sortir pour me passer de nouveaux verres à servir.

La tête sur le comptoir, je méditais encore à mon arrivée ici. Depuis mon départ du Flying Dragon, je n'avais eu que des embrouilles. Je m'étais posé à Shell Town, espérant commencer une nouvelle vie. Je m'étais vite rendu compte que si je voulais me faire une place, j'allais devoir y mettre du mien. Et me voilà dans ce resto qui menaçait de s’effondrer à tout instant. Et tout ça pour quelques berrys qui ne m’emmèneraient pas bien loin. Le patron s’avançait vers, moi, une chope dans chaque main. Son regard était porté derrière moi. Je me redressai, me rendant compte que les rires avaient cessés depuis quelques minutes, laissant place au silence complet. Je me retournai à mon tour, apercevant une jeune femme à l'entrée. Je compris facilement l'étonnement des clients. Il était rare de voir une personne féminine dans ce genre de bar. Et même si mon expérience sur le monde extérieur était limité, je savais parfaitement ce que les mecs à l'esprit légèrement étroit avaient en tête quand il voyaient une fille.

En un demi-tour sur place, je m'avançais vers la jeune femme. C'était la première fois que je la croisait sur cette île, elle venait probablement d'arriver. Arrivé à sa hauteur je pût mieux la détailler. Elle avait de long cheveux bruns, plutôt bien soignés. Son visage était agréable à regarder, raison de plus pour elle de ne pas trainer là. Elle s'était assise à une table quelque peu éloignée des autres, peut être avait-elle compris qu'elle n'avait pas sa place ici. Je me postai face à elle, et la fixa d'un regard neutre, mais surement plus poli que tout les autres œillades que les charmants pirates lui lançaient.

« Écoutez mademoiselle, vous ferriez bien de ne pas rester dans le coin. Les gars ici ne sont pas très bien intentionnés, ils pourraient s'en prendre à vous. Après, à vous de voir. Je vous sert quelque chose ? »

Je sortit mon calepin, prit mon crayon coincé derrière l'oreille, et me prépara à noter le festin désastreux qu'allait prendre la demoiselle. Si elle était décidée à diner ici, soit. Mais je l'avais prévenu.