Un aller simple pour Howling North [Solo]

Il neigeait. Rien d'anormal dans North Blue, le ciel était blanc, des flocons blancs gros comme des pommes tombaient en virevoltant telle des plumes. La mer aussi était blanche tout comme les icebergs qui flottaient docilement, se laissant porter par les vagues. Tout était blanc en fait, tout, excepté une silhouette rouge sautant d'iceberg en iceberg.

Klaus sauta sur un premier îlot de glace avant de rebondir sur un autre, plus à même de supporter son poids. Il décida de faire une pause. Il était en nage, ça devait bien faire quatre heures qu'il se déplaçait comme un crapaud dans un état de concentration extrême. La glace était très glissante et il ne donnait pas cher de sa peau s'il tombait dans la mer glacée. Il s'allongea dos au mur de glace, tandis qu'il reprenait son souffle, il vit au loin une île. Ce n'était pas n'importe quelle île, c'était son île, l'île où il était né et où il était devenu roi par la seule force de ses poignets. Il serait peut-être temps de lui trouver un nom, personne ne s'en étant jamais préoccupé. Pourquoi pas Nibelheim. Ça ne voulait sans doute rien dire mais, ça sonnait plutôt pas mal. C'était un nom qui voulait dire, il évoquait le froid et la glace, les avalanches et la neige.

Il espérait bien y retourner mais, uniquement lorsqu'il serait devenu un yonkou. Les responsabilités de roi étaient harassantes, il avait besoin d'aller marraver quelques Naughty Boy pour se détendre. Alors, direction Howling North, ce véritable trou à pirate devait être rempli de mauvaise gens. Si au passage, il pouvait l'ajouter à ses territoires, ça ne serait pas de refus.
Il soupira, la route était encore longue. Il se releva et fit craquer ses vieux os. Encore une bonne centaine d'iceberg et ça devrait être bon. Pourquoi ne pas avoir pris de barque ? Tout simplement parce que là d'où il vient, le seul véhicule qu'on sait faire, c'est le traîneau. Pas forcément pratique pour la haute mer donc.
Bon c'était pas le moment de traîner. Il attendit que son iceberg soit suffisamment proche d'un autre îlot gelé pour sauter dessus.

Il en avait sauté une bonne trentaine lorsqu'il commença à avoir faim. Il s'assit et réfléchi au moyen le plus rapide de trouver de la nourriture toute en massant sa panse qui se faisant de plus en plus bruyante. Tandis qu'il tentait de réfléchir, il aperçut un mouvement dans l'eau. Il n'avait qu'à pécher, sans hameçon ni canne à pêche, à l'ancienne comme lui avait appris grand-père Nicolas. Il se mit à plat ventre au bord de l'iceberg et plongea sa main dans l'eau. Il l'agitait nonchalamment afin d'attirer la poiscaille. Il n'eut pas à entendre longtemps, il vit une tache noire et blanche se déplaçait. Il commença à secouer un peu plus violemment sa main. Le poisson s'approcha doucement, puis de plus en plus rapidement au fur et à mesure que le tache grossissait. Il devient évident que ce n'était pas un poisson comme les autres.

Klaus eut juste le temps de se jeter sur le côté qu'une énorme orque s'abattit le ventre le premier sur la glace, la fissurant par endroit. Notre père Noël regarda l'imposant épaulard avec méfiance :

« C'est toi qui a mangé mon grand-père il y a plus de quarante ans ! »

Le cétacé lui porta un regard interrogateur, il y avait un léger malentendu. Une chose était sûre, il ne le comprenait pas. Alors que le mammifère marin s'apprêtait à replonger, une idée traversa l'esprit du quinquagénaire, si la traversée à dos d'iceberg était longue et fastidieuse, à dos d'orque, elle serait nettement plus marrante.

« ATTENDS !  Conduis moi jusqu'à Howling North ! »

L'homme sauta sur le dos de l'animal, pour le clouer sur le sol gelé. L'épaulard poussa un hurlement horrible avant de se débattre. À cause de la puissance phénoménal de la créature, Klaus ne pourrait le maintenir longtemps ainsi. Alors, dans un accès de rage, il mit un grand Naughty Punch dans le dentier de la bête. Le coup, bien que puissant, eut cependant du mal à déplacer l'imposant cétacé de plusieurs tonnes. Il réussit néanmoins à le repousser à une dizaine de mètres de lui avant que la bête ne tombe dans l'eau, accompagné d'un « plouf ! » sonore. Alors que notre père Noël penser s'être débarrassé du mammifère, il le vit tourner autour de l'iceberg, un regard mauvais posé sur le membre de la famille Santa.

« Un défi ? Approche stupide créature des mers, viens que je puisse te montrer l'étendue de ma puissance ! »

L'odontocète fonça vers l'humain, laissant dépassé son imposante nageoire caudale. Alors que la créature gagner en vitesse, Klaus arma son coup. À l'instant même où l'orque sautait de l'eau, ses soixante dents dehors, notre homme abattit de toutes ses forces la paume de sa main droite contre la glace. Un puissant craquement retentit et il tomba sur le ventre, les mains plaquer sur son échine.
« Aïe, mon dos... »
Il ne se passa rien. Santa Klaus espérait bien réussir à briser l'iceberg en deux, hélas, son grand âge et des années d'inactivités l'avaient affaibli. Il y a une vingtaine d'années, la montagne de glace aurait été réduite en glaçon sans difficulté. Aujourd'hui, il n'était plus que l'ombre de lui-même, en plus, il s'était fait mal au dos. Sa chute forcée l'empêcha néanmoins de se faire avaler par l'épaulard qui lui tomba dessus. L'animal resta ainsi sans bouger espérant étouffer son adversaire. Cependant, l'iceberg où ils se trouvaient supporter bien le poids de notre père Noël mais, avec les quatre tonnes du cétacé, il commença à se fissurer. Au début ce n'était pas grand-chose, une petite fissure partant de sous le ventre de l'orque. Puis petit à petit, elle s'agrandit laissant suffisamment de place au quinquagénaire pour qu'il puisse extirper son torse. Après avoir repris sa respiration, il se mit à chatouiller l'épaulard, chose qu'il n'apprécia pas forcément. L'animal se dandina dans tous les sens pour ne pas bouger mais, il finit par rouler sur le côté et l'homme d'âge mûr parvient à se relever. Il était blessé, mais rien de très graves, seulement de douloureuses contusions.

La créature tenta de rouler jusqu'à l'eau, mais elle n'y arriva pas à temps. L'homme se jeta devant sa gueule, serra le poing droit et mit un sacré uppercut dans son menton. La bête fut littéralement retournée et finit dans l'eau en plus de perdre une dent.
Tandis qu'elle flottait mollement à la surface, Klaus lui sauta sur le dos et s'agrippa à sa nageoire caudale.

« J'ai gagné, en avant Willie ! HO, HO, HO ! »

Il venait de nommer l'épaulard. Willie lui jeta un regard sombre avant de fendre les flots à grande vitesse. Alors que le père Noël riait de tous son saoul, il remarqua que son moyen de transport s'enfonçait dans l'eau au fur et à mesure qu'il avançait. Le quinquagénaire porta un regard d'incompréhension à l'épaulard. Si ce dernier avait été doté du rire, il se serait probablement moqué de la naïveté des hommes. Tout à coup, il plongea. L'humain situé sur son dos eut juste le temps de sauter avant de s'écraser lamentablement contre une carcasse de bateau prise dans la glace. Alors qu'il se relevait en jurant, il aperçut au loin une île couverte de neige.
Howling North.
Il laissa échapper un "Ho, ho, ho !" promettant violence et désolation pour les pauvres habitants de l'île.